Les
dimanche soirs, j’écoute la radio à l’atelier et passe à 20 h
de France Culture à France Inter pour suivre votre émission Le
masque et la plume.
Ce
7 juin j’entends un critique reprendre un autre critique sur
l’expression un
peu admiratif
arguant qu’on est ou n’est pas admiratif, que l’admiration ne
peut être minorée ; j’acquiesce et en profite pour vous demander
de régler un problème de ce genre lié cette fois à un adjectif
qui se voudrait superlatif.
Il
s’agit du qualificatif : vrai
appliqué sous toutes ses formes à tous les noms communs du
dictionnaire, toutes les 10 minutes dans toutes les émissions
culturelles, politiques ou de divertissement. Vrai livre, vrai
artiste, vraie amitié, vraie sincérité, vrai mensonge...vrai
auteur, vraie fiction, vrai roman, vrai ton, vrai pain.
Il
s’applique sans distinction aux hommes, femmes, projets, créations,
œuvres, produits alimentaires, sentiments ...
Certains filous
louvoient plaçant ce qualificatif entre deux virgules après le
substantif, ainsi : la
littérature, la vraie,
ou le déguisent usant de synonymes :
un véritable écrivain.
Je
l’attends, je le redoute, il surgit comme un mistigri que vous nous
refilez de bouche à oreille. Dessinant, le craignant, l’oubliant
puis l’entendant de nouveau je sursaute et fait un pâté sur le
travail en cours.
J’aurai
pu écrire au médiateur, il m’aurait démontré :
1.Courbes
de fréquence d’usage du mot à l’appui, par A plus B, que j’ai
tort.
2.La
nécessité de ce qualificatif aujourd’hui : «
À l’époque où la guerre à la finance a été déclarée, où
Rambo alias Sylvester Stallone expose au musée d’art contemporain
de Nice le terme vrai devient indispensable pour préciser la
sincérité des déclarations, l’authenticité des artistes. »
En
conclusion très gentiment Mr le médiateur m’aurait conseillé de
vérifier mon audition. Je serai peut-être victime d’acouphènes.
Ok.
Mais
que penser alors des auteurs, des créations qui par miracle
échappent à ce qualificatif ? S’agit-il de promotions de
complaisance, d’invités fictifs, de faux livres ?
Me
suis-je procuré ce livre dans une vraie librairie ? Aurai-je payé
avec des billets de Monopoly ? Suis-je victime d’hallucinations
devant ma bibliothèque croyant y voir des livres alors qu’il
s’agit juste de piles d’ouvrages d’une centaine de pages
édités, imprimés, reliés sous couverture souple ou cartonnée ?
Qu’en est-il de ce film que j’ai cru voir dans une salle de ciné ?
Rassurez moi par vos critiques, était-il vrai ?
Et
me suis-je vraiment déplacée ?
FAITES
PASSER LE MOT ...de mode s’entend.
Lettre au Masque et la plume, le 7 juin 2015.
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