mercredi 31 octobre 2018

à la ligne






Technique : 
Trois dessins à l’encre, huile et aquarelle sur papier, 
conçus pour être présentés juxtaposés sur une ligne horizontale

Dimension totale  de l’œuvre :
– Hauteur : 43 cm
– Longueur : 194,5 cm
– Profondeur : 2,5 cm

Format de chaque dessin :
– Hauteur : 43 cm
– Longueur : 65 cm
– Profondeur : 2,5 cm



Mer. Il me parle d’elle. Printemps 2018, j’écoute l’artiste, auteur et illustrateur, Tomi Ungerer sur France Inter. Il aime nager, s’éloigner direction l’horizon. Il m’illumine lorsqu’il qualifie cette atteinte, toujours reportée, de passage à la ligne. La surface de l’eau est page, l’horizon est ligne d’écriture. De la succession de lignes naît le récit.

 J’ai alors, encore, en tête un rêve, obsédant, lancinant, parfois apaisant où je cède la place, lâche prise, me laisse emporter et dériver, où je m’éloigne et prends le large. J’en ai fait le récit en 2017 sous le titre Migration, ci-dessous. 

La mer me retire lentement de la plage. J’ondule, allongée sur le ventre. 
Vagues et soubresauts. 
Je lâche terre, offerte dans toute ma langueur. En extension, un mètre soixante plus les bras, je suis un trait, face au rivage, un point. Je file en douce. 
Mémorise la côte au cas où. 
Demain je serai loin. Échouée au large, je trouverai les bleus, que je cherchais nageant, et l’amie éloignée avant moi. Traversée d’eau, engloutie, j’échappe au paysage. Indemne. 
Nulle trace de mon abandon. 
Étale et place nette. 

Une nouvelle création picturale s’impose, elle a déjà un nom :  « à la ligne », un parrain Tomi Ungerer, un rêve comme  genèse.

Elle est composée de trois dessins, sur papier à l’huile, encre et aquarelle, autonomes mais volontairement liés en un paysage marin de vagues et d’écume. Le texte dessiné, en nuances de gris, bleu et vert, lie les parties en parcourant l’ensemble. La taille des caractères varie avec le sac et le ressac. Le récit se brouille, submergé par endroits, se jouant des vagues, à d’autres. 
Au centre un corps gras : une île, une forme humaine nageant ? Ce dessin central peut disparaître sans détruire la cohérence du reste, laissant le paysage indemne de son passage. En effet les deux autres parties sont conçues pour se lier également ensemble, en son absence.

à la ligne transcrit mon état suspendu de créatrice, flottante, quelque fois à la dérive, engloutie, possédée d’autres fois. L’œuvre est paradoxale. Elle évoque, comme une tentation, l’abandon et pourtant… je nage, je dessine, je continue la recherche. Je poursuis.

Ces images comme preuves.

Nicole Guidi - Octobre 2018







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